L'ancien
PDG, puis Président du directoire de Yamaha Motor France vient de nous quitter
dans un tragique accident de la route.Il était sur l'autoroute du Nord, en
direction de la région nordiste d'où est originaire sa famille qu'il allait
justement visiter.
D'après les premières informations disponibles, ce samedi en fin de matinée un
camion venant d'en face et dont le conducteur s'était endormi a traversé la
bande centrale pour percuter de face la voiture dans laquelle se trouvait JCO.
A priori, sa fille qui se trouvait avec lui, n'a pas été blessée. Elle est en
observation par sécurité.
L'équipe de Sport-Bikes présente ses sincères condoléances à la famille, aux
amis et aux anciens collègues de Jean-Claude Olivier, qui restera à jamais dans
l'histoire de la moto française un des hommes qui s'est le plus passionné pour
la compétition.
Extrait de La Voix du Nord :
"Un accident impliquant un poids lourd et une voiture a eu lieu ce matin
sur l’A1, vers 11h15, à hauteur de Wancourt, dans le sens Paris-Lille. Le
chauffeur du poids lourd, de nationalité portugaise, a perdu le contrôle de son
véhicule qui roulait dans le sens Lille-Paris. Le camion a quitté sa voie,
percuté le mur en béton du terre-plein central et traversé les trois voies à
contresens, avant de finir sa course immobilisé par les glissières de sécurité
de la bande d’arrêt d’urgence. C’est en traversant les voies de circulation du
sens Paris-Lille qu’il a percuté de plein fouet une voiture, une Mercedes 4x4.
Le conducteur, un homme de 67 ans, très grièvement blessé a été pris en charge
par les pompiers et les équipes du SMUR mais n’a pas survécu à ses blessures.
Sa fille de 28 ans, elle, n’a été que légèrement blessée. Elle a été évacuée
vers le Centre Hospitalier d’Arras, ainsi que le conducteur du poids lourd, qui
souffrait d‘un hématome à l’œil. Les causes de l’accident restent pour le
moment indéterminées. Il pourrait s’agir d’un endormissement ou d’un problème
de santé."
Jean-Claude Olivier présenté par Yamaha
L’histoire de Yamaha en France se confond avec celle d’un homme, Jean-Claude
Olivier. Présent à la création de l’importation de la marque sur le sol
français, il en a assuré la direction pendant 45 ans.
Si les premières Yamaha vendues en France l’ont été par le motociste
Levallois-Motos, c’est très rapidement la société Sonauto, déjà importatrice
des Porsche, qui va assurer la diffusion des motos frappées des 3 diapasons. Gonzague
Olivier, père de Jean-Claude né le 27 février 1945 à Croix dans le département
du Nord, qui est resté très lié à Auguste Veuillet, patron de Sonauto avec qui
il a remporté une la victoire aux 24 Heures de Paris en 1955, demande à son ami
s’il ne pourrait pas prendre son fils en stage. Nous sommes en 1964, et
Jean-Claude Olivier se retrouve missionné pour créer un réseau de distribution
Yamaha en France. Il part sur les routes au volant d’un fourgon J5 avec quatre
machines à l’intérieur, un 50, un 80, une 125 et une 250, bien décidé à
convaincre les marchands de motos de la qualité des Yamaha. L’année 1965 se
conclut avec 117 ventes, elles seront 330 en 1966, 550 en 1967 et plus de 1000
en 68.. Constructeur inventif, Yamaha développe de nouveaux produits et crée à
la fin des années 60 une gamme de trail bikes qui fait immédiatement un malheur
auprès des Américains qui apprécient ces motos loisir.
Devancer la demande
JCO voit dans ces modèles qui marient route et tout-chemin jolis, propres et
faciles à conduire, un excellent moyen de sortir la moto de sa marginalité et
de conquérir une clientèle plus large. Profitant de ses nombreuses relations,
il parvient à convaincre Brigitte Bardot de rouler une journée entière au
guidon d’une 125 AT1. Des dizaines de photographes sont à l’affût pour prendre
des clichés qui feront la Une de tous les journaux people de l’époque. Lui-même
passionné, Jean-Claude Olivier a du flair, ressent intuitivement les modèles
qui vont marcher et, plus important encore, est capable d’imaginer ceux qui
manquent à sa gamme. L’homme n’hésite pas à donner de sa personne pour assurer
l’image de ses motos. D’une grande habileté au guidon, il s’engage au Bol d’Or
du renouveau en 1869, au guidon d’une 250. Lors de la foire de Paris 1971,
costumé et cravaté, il se lance dans une démonstration indoor des possibilités
d’un des premiers trails entrés en France devant un parterre de spectateurs
médusés. Restées célèbres également, ses roues arrière avec la XS1100 qui
permirent d’imposer une image presque sportive d’une moto qui ne l’était pas.
L’engagement de la XT dans l'Abidjan-Nice 1976 est une autre intuition, comme
l’insistance pour que soit produite la RDLC, ou que la V--Max, initialement
réservée aux seuls américains, débarque en France. Pour convaincre les Japonais
qui ne consentaient à lui attribuer que 10 exemplaires pour sonder le marché,
JCO a une nouvelle idée géniale. Il confie une V-Max à un ami, très célèbre
dans le « tout St Tropez », pendant toute la saison d’été. A la rentrée de
septembre, ce sont 30 commandes fermes qui sont sur son bureau. Ce feeling, ce
sens du bon produit au bon moment, mais aussi son management agressif qui
permet à Yamaha de chatouiller Honda, puis de le dépasser au niveau des ventes
en France vont asseoir l’influence de Jean-Claude Olivier auprès de la haute
direction de Yamaha au Japon. C’est un homme qu’on respecte, une voix qu’on
écoute.
Un patron qui s’engage
L’autre trait qui caractérise la personnalité de Jean-Claude Olivier, c’est sa
passion de la compétition. Au-delà des noms de légende intimement liés à
Yamaha, les Patrick Pons, Christian Sarron, Jacky Vimond ou Stéphane
Peterhansel, ils sont des centaines de pilotes de vitesse, de Moto Cross,
d’enduro ou de rallye-raids à avoir pu compter sur un soutien direct ou discret
de l’importateur. Soucieux de stimuler le sport moto en France, Jean Claude
Olivier s’est à maintes reprises engagé personnellement dans des compétitions
pour assouvir son goût des défis. On retiendra ses 25 participations à l’Enduro
du Touquet qu’il finit 15 fois dans les vingt premiers. Et puis il y a les
Paris Dakar. Neuf participations entre 1979 et 1996 et six fois à l’arrivée
dont une fois à la seconde place en 1985.
Toute l'association RandoNord Moto présente toutes ses condoléances à la famille et aux proches de JCO